En route pour les élections municipales à Rotterdam

En route pour les élections municipales à Rotterdam

Le mercredi 21 mars 2018, les élections municipales auront lieu à Rotterdam.  Sous certaines conditions il est possible d’y participer même en tant que non Néerlandais.  Comment ça se passe ?

Les convocations au vote ont été envoyées et les premières affiches électorales se sont fait remarquer.  Difficile d’ignorer que cette année le printemps démarrera avec les élections municipales aux Pays-Bas. Comme on le dit ici :

C’est la fête de la démocratie, cette fois-ci au niveau local ».

Pass pour voter « Stempas » aux élections locales à Rotterdam

Ces élections ne sont pas réservées aux Néerlandais. En tant que ressortissant d’un pays-membre de l’Union Européenne, il suffit d’habiter depuis février 2018 aux Pays-Bas et d’être inscrit en mairie pour pouvoir voter, voire poser sa candidature sur une liste.

Les élections néerlandaises sont assez différentes de celles de France, y-compris pour les municipales. Bref aperçu pour ceux et celles qui s’y lancent pour la première fois.

Pour qui vote-t-on ?

Une particularité, les maires ne sont pas élus aux Pays-Bas. On devient maire au bout d’une procédure assez compliquée et peu transparente. Les discussions se déroulent le plus souvent au sein du conseil municipal et au final, c’est la couronne (le roi) qui désigne le maire. Ainsi, M. Ahmed Aboutaleb est devenu maire de Rotterdam en 2009, et le restera en principe jusqu’en 2021.

On élit les conseillers municipaux

À Rotterdam il y en a 45, pour 12 groupes politiques. Après les élections, et selon leurs résultats, certains de ces  groupes  formeront le « collège » ou conseil du maire et ses adjoints  (« Burgemeester en Wethouders », abrégé « B&W »).

Les cinq adjoints au maire ne sont pas élus mais désignés par les groupes. On peut les comparer à des « ministres de commune » avec des responsabilités diverses  (finances, transports, etc.) Le maire ne fait, en principe, que présider le conseil. Les conseillers discutent des décisions proposées par les adjoints au maire, avant de voter pour ou contre.

Pour les élections municipales de 2018 à Rotterdam,  il y a pléthore de candidats : pas moins de 20 partis politiques se présentent. Certains partis sont nationaux, comme le VVD libéral, le CDA chrétien-démocrate, le PvdA socio-démocrate, ou les verts de Groen-Links. Des partis locaux participent également, le plus connu étant Leefbaar Rotterdam, actuellement le plus grand groupe politique au conseil municipal (gemeenteraad).

A noter que même si les candidats font partie d’un groupe politique, le vote est individuel. On vote donc pour un individu et non pour un parti. Par conséquent, si au cours de la période électorale l’élu(e) change de parti (ce qui arrive),  son siège au conseil municipal le suit.

Comment choisir ?

Avec 20 partis politiques qui proposent plus de 100 candidats, le choix peut se révéler difficile. Heureusement, on propose de l’aide à la décision. On peut se procurer les programmes des différents partis politiques, les lire, et se décider en conséquence. On peut aussi tenter de passer par un « conseil au vote » en ligne.  L’idée est de répondre à quelques questions sur des sujets politiques courants ; ensuite on vous indique quels partis politiques correspondent le plus à vos choix.

Pour Rotterdam il existe deux de ces outils en ligne : MijnStem et Kieswijzer. Il peut être intéressant d’essayer les deux, ils ne donneront pas nécessairement les mêmes résultats ! C’est un bon investissement en temps, car un conseiller municipal est élu pour quatre ans.

Les sujets qui parfois fâchent

Il est évident que le conseil municipal de Rotterdam, grande ville dynamique et multiculturelle, traite de nombreuses questions sociétales. Citons quelques dossiers qui joueront un rôle majeur dans les années à venir :

  • l’identité culturelle néerlandaise,
  • le nouveau stade pour le grand club de foot Feyenoord,
  • la privatisation envisagée du fournisseur d’énergie Eneco (la ville de Rotterdam est actionnaire majoritaire mais pense vendre ses parts),
  • plus de place pour les cyclistes dans une ville qui est traditionnellement plutôt orientée voitures,
  • la démolition des HLM, surtout au centre et au sud de Rotterdam, en faveur d’habitations plus « luxueuses ».

Des sujets si importants qu’il est vivement conseillé de se rendre aux urnes.

Les « commissions de quartier »

Vous voterez aussi pour les commissions de quartier. Depuis 2014 Rotterdam est constituée de 14 quartiers, représentés par des « commissions de quartier » (gebiedscommissies) . Ces commissions peuvent influencer la politique municipale au niveau de leur quartier. Les membres des commissions sont également élus le 21 mars. Bien que des partis politiques nationaux ou locaux puissent participer, il s’agit souvent de simples citoyens actifs dans leur quartier. La plupart des sujets traités sont surtout techniques. C’est une forme de démocratie plus directe qui doit encore faire ses preuves…

Comment allez-vous voter ?

Le crayon rouge qui vous permettra de colorier le rond rouge de votre candidat.

Si vous avez le droit de vote, vous recevez des convocations « stempas » issues de la municipalité. Muni de ces convocations et d’une pièce d’identité vous vous rendez dans le bureau de vote le plus proche indiqué sur votre convocation ou un autre à votre convenance dans votre secteur. Une fois sur place, vous recevez la liste des candidats, vous passez dans l’isoloir,  vous vous saisissez du crayon de couleur rouge avec lequel vous remplissez le rond devant le nom du candidat de votre choix. Vous déposez ensuite la liste dûment pliée dans la bonne urne.

Référendum

Dans les bureaux de vote vous verrez aussi des urnes pour le référendum sur la nouvelle loi sur les services des renseignements du gouvernement néerlandais. Seuls les nationaux néerlandais sont invités à y voter.

 

A propos de l'auteur de l'article

Marcus Vermeij vit à Rotterdam depuis plus de 30 ans. Après des études en histoire sociale, il a été journaliste freelance avant de se réorienter et devenir ingénieur en informatique. Il aime l’aspect moderne de Rotterdam, le côté « grande gueule » de ses habitants ; il admire les initiatives locales des diverses communautés.